Lanzarote

Réveil pluvieux enlacés dans l’obscurité d’un matin bordelais. Il est tôt, le reste de la ville dort encore. Transition humide, rythmée par un timing stressé à destination d’un terminal low-cost toujours trop éloigné. Un accouchement pénible qui semble indispensable avant d’atteindre notre île.

Les trois heures au dessus des nuages nous mènent vers une des sept îles de l’archipel des Canaries, lanzarote. La plus orientale de toutes, un petit morceau de terre ibérique  faisant face a l’immensité du Sahara.

Vous voyez à quoi ressemblent des toilettes Easy-Jet, n’est-ce pas ? Ce genre d’endroit où tu peux toucher les quatre murs en même temps. Alors maintenant que vous imaginez bien, avez-vous déjà changé un enfant récalcitrant dans si peu d’espace ? Moi - Deux fois.

1 heure de décalage horaire et 10 degrés en plus. Nous roulons vers notre maison de vacances, à Puerto del Carmen, une station balnéaire prise d’assaut par teutons et flamants qui, bien qu’ils soient aussi rosés, ne sont pas des oiseaux aquatiques. Dit comme ça vous imaginez des grands alignements de balcons, des supérettes avec multitude d’objets pneumatiques non identifiés et des trottoirs foulés par des hordes de chaussettes blanches boudinées par des sangles de Birkenstock’s brunes.

Et bien détrompez-vous. 

Cette île volcanique a eu la chance de voir voir naître sur ses rives un certain Cesar Manrique. Artiste surréaliste à mi chemin entre Míro et Picasso et qui fut d’une grande influence sur le développement de l’île. Si bien, qu’ayant séduit les autorités locales par l’amour de son île et la notoriété de son Art, il fit voter une loi de préservation des lieux. Réussissant un tour de force prodigieux pour l’époque (fin des années 60) en imposant de manière systématique un cahier des charges architectural strict : toutes les constructions doivent être blanches, ne jamais dépasser trois étages, intégrer des éléments distinctifs de l’île ... y compris pour les centres commerciaux, hôtel et autre complexes touristiques. Mais aussi en interdisant les panneaux publicitaires. Il en résulte un paysage lunaire préservé, sombre et sauvage, sillonné de quelques lignes de bitume, un ciel découpé par de hauts cônes volcaniques immaculés et des rivages parsemés de touches blanches.

Après s’être installés dans notre maison de vacances et la fin de journée approchant, nous décidons d’aller profiter du coucher de soleil dans le petit village tranquille de Playa Quemada. Quelques maisons blanches posées sur un sable noir bordées de falaises volcaniques.

La nuit venue nous mangeons à quelques mètres de là, dans un restaurant oublié des touristes, un très bon poisson, inconnu, de la pêche du jour. Et accompagné des deux sauces typiques de l’île - Mojo Rojo et Mojo verde - L’une à base de piment et ail, l’autre à base de coriandre et ail.